Je trouve ça terrible que je sois à la fois insensible aux aggressions (sexuelles ?) d’un point de vue « émotionnel » et à la fois dès que je commence à process le truc et à me dire que c’en est une ça soit si violent, du genre ça me fait faire des rêves où je me vois me faire aggresser pendant un temps qui me semble des semaines/mois, et surtout qui sont extrèmement réalistes, c’est à dire que les personnes sont exactement les mêmes, et ma non-réaction et la non-réaction des personnes autour sont exactement les mêmes aussi.

Oui parce que non seulement je ressent les aggression que quand je les « rationalise », ce qui fait que bien souvent sur le moment je suis incapable de protester parce que je calcule même pas que c’en est une, mais en plus même si je le calcule sur le moment je suis incapable de dire quoi que ce soit, je me contente de ce que j’ai toujours fait (aussi face au harcelement, aggressions physiques et verbales) et qui a jamais vraiment marché pour résoudre le problème, je me renferme dans mon armure mais du coup je bouge pas, je dis pas non, je fais aucun signe pour montrer mon refus et juste je me distancie complètement de la scène en cours.
Alors oui cette distance a certainement un intérêt pour ma conscience parce qu’elle joue surement dans le fait que je sois pas brisée par chacune des horreurs que j’ai vécues, surtout que pour un certain nombre d’entre elles je ne pouvais juste pas faire quoi que ce soit même si j’en avais eu la capacité, et que j’ai vécu une telle normalisation du non respect de mon consentement pendant toute mon enfance que maintenant ça me parait presque normal la plupart du temps. Mais c’est aussi du coup un énorme problème quand j’aurais voulu pouvoir réagir parce que ça m’aurais permit de changer la situation ou au moins de l’arrêter.
Pour les autres j’imagine que la non réaction vient aussi du fait qu’iels ne savent pas si la situation est ok pour moi ou non, et comme du coup je montre aucun signe je pense que c’est interprété comme si j’étais consentante ? aussi peut être que les personnes sont juste aussi incapables que moi de réagir ? ou juste qu’elles n’imaginent même pas que ce qu’il se passe puisse être un problème. Ou peut être que je suis en train d’essayer de leur trouver des excuses là où il ne devrait pas en avoir… Mais si je me réfère à ma propre expérience j’ai les mêmes problèmes à réagir pour moi que pour les autres, parce que pour moi la violence est la même que je sois ou non la personne ciblée, parce qu’elle vient plus du fait que je conscientise que quelqu’un se trouve être un·e aggresseur·euse plutot que du fait que je sois une « victime » (ce qui n’a pas trop de sens pour moi du coup comme j’ai pas l’impression de subire l’aggression en soi, nettement moins que le fait que la situation se « déroule sans accroc » finalement)

Ensuite, une fois que j’ai réussi à calculer la situation et passer les premières réactions comme les cauchemards ou les flash, ça passe à encore pire. Parce qu’autant bien qu’il soit réaliste je peux toujours me dire que le cauchemard est exagéré, et le flash me fait pas vraiment grand chose de plus que la situation initiale (mis à part le fait qu’il revienne n’importe quand), mais après je commence à réaliser ma non-réaction, et du coup je commence à imaginer certaines des réactions que j’aurais pu avoir… et en général c’est pas du tout beau à voir ; parce que je m’imagine pas simplement dire non, ni même crier ou repousser la personne, je me vois quasiment toujours partir en escalade de la violence directement (si on peut encore appeler ça de l’escalade à ce niveau là) et attaquer physiquement la personne au point de au choix lui casser des articulations, la défigurer, la blesser au point de la rendre inapte à beaucoup de choses,…
Peut être que beaucoup de monde réagit de la même manière, j’en ai aucune idée, et honnêtement j’en ai rien à foutre ça améliorera pas ma situation. Pourquoi je réagis comme ça ? Peut être parce que les seules fois ou j’ai réussi à réagir (je les compte sur les doigts d’une main, et après beaucoup d’années et un certain nombre de mois après avoir réussi à caractériser le problème) c’était par la violence, je suis pas allé jusqu’au point de frapper la personne parce qu’elle a arrêté instantanément au moment où je lui ai dit « tu fais ça jte frappe, je rigole vraiment pas dégage maintenant et laisse moi passer ». Et cette personne a changé, maintenant elle demande explicitement mon consentement a chaque fois. Mais peut être que ça vient même d’avant, du fait que tout simplement j’ai grandi dans beaucoup de violence et que je l’ai normalisée, peut être parce que je suis trop mal à l’aise avec la discussion/parole pour imaginer d’abord ce type de réponses. Toujours est-il que j’ai aucun regret à la violence, mais il me reste qu’à réussir à l’utiliser. Ça me gènerait pas de démarrer quelqu’un comme ça pour ces raisons, mais jsuis pas plus capable de faire ça que de juste parler, et je sais pas comment faire progresser ça…